May 26, 2015
Il est agréable d’admettre qu’après 2 semaines de repas quotidiens composés à 100% de produits locaux, mon organisme se sent beaucoup mieux. Avec 7 autres personnes, nous avons tenté l’expérience de manger local pendant 2 semaines : Manger que des aliments produits et transformés à moins de 200km de notre habitation.
L’objectif de ces 2 semaines était d’étudier la faisabilité d’une telle pratique, de s’enrichir de cette expérience pour se faire sa propre idée sur le mouvement locavore. Le mouvement locavore se veut plus respectueux de l’environnement, met en avant l’idiotie des monocultures, la surconsommation de produits polluants comme l’essence pour le transport et les plastiques pour l’emballage et la quantité de pesticides.
Les opposants assurent que la distribution alimentaire à grande échelle est moins polluante que de multiples systèmes de distribution locaux.
Qu’en est-il vraiment ?
Imaginez une poule devant un couteau, c’est un peu ce à quoi je devais ressembler en faisant mes courses la première fois. Mon objectif : pouvoir passer le premier week-end sans mourir de faim. Me voila parti, un samedi matin, à la recherche d’aliment 100% locaux. Je commence donc par deux supermarchés bio. Téléphone à la main, dans chaque rayon, je retourne produit après produit, pour récupérer le code postal, le rentrer sur google map, pour savoir si j’avais le droit ou pas d’acheter le produit.
A part la marque Ensemble qui indique la provenance de la matière première et le lieu de transformation sur une carte sur l’emballage, tous les autres produits ne facilitent pas la découverte de produits locaux. 3 heures et une 10ène de produit dans mon sac, j’étais bien mal parti pour me nourrir tout un week end.
Nous avions préparé le terrain, listant les AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) disponible à coté de chez nous. Je me suis donc rendu à l’une d’elle, pour acheter légumes viandes et fruits. Dévalisant le magasin, je rentrais chez moi, avec des courses suffisantes pour 1 week end (3 jours)
Quand on mange locavore, on exclut très vite certains produits de notre consommation. Plus de lait, sucre, pâte, riz, chocolat, thé, café, épices, confitures, gâteaux industriels, céréales, plat préparés, surgelés, huile d’olive, orange, fruits exotiques, etc… Très vite, pendant la première semaine, des besoins se font ressentir. Pour ma part une envie immense de sucre. L’envie se dissipe de jour en jour, mais mon dieu que le début fut dur.
nous nous rendons compte d’une addiction que quand nous sommes privés de la source de cette addiction
Certains jours tu découvres des trucs: une tomate du Lot et Garonne et du gros sel de l’île de Ré. Tu as l’impression de manger un fruit, ça a du goût !
Tu pestes contre ces distributeurs avec leurs oignons jaune de Nouvelle-Zélande et des tomates d’Afrique sans goût, muris dans des containers.
Tu apprends que nous produisons des kiwis en France dans le sud ouest. Tu découvres que ta quantité de déchet diminue de moitié, moins d’emballage plastiques, plus de produit frais = moins de poubelle (moitié moins pour moi en deux semaines).
manger locale réduit le nombre de déchets produits
Tu découvres que tu peux faire des gâteaux avec du miel, que la pâte à pizza avec de la farine au blé complet sans levure, ça marche mal. Tu découvres que l’expérience suscite de l’intérêt, les gens t’envoient des emails, d’autres te posent des questions sur twitter, d’autres essayent de te piéger.
un kiwi c’est local ?
Tu découvres que tu es nul en cuisine, quand tu as l’impression de manger toujours la même chose.
Tu dors mieux, ton corps réduit les graisses et le sucre dans ton sang.
Vous allez devoir faire plein de petites courses, car il faut faire des magasins différents pour trouver des produits locaux (on ne trouve pas tout au même endroit). Le temps pour faire les courses est plus important. Il faut cuisiner beaucoup plus et anticiper ses repas. Un déplacement professionnel, le retour le soir, tu te fais à manger et tu dois te faire à manger pour le lendemain.
Nous étions à la fin du printemps, les fruits et les légumes sont plus abondants qu’en plein hiver; Le sud ouest est une région où il est facile de trouver de la nourriture locale.
Il faut apprendre à cuisiner, et cuisiner le même produit sous diverses formes. J’ai eu rapidement du mal à trouver des féculents locaux variés. La pomme de terre fut l’élément présent dans beaucoup trop de nos plats.
Depuis 2 mois que l’expérience est terminé, nous avons adapté nos habitudes. J’ai réduit de moitié mes dépenses dans les supermarchés et je continu d’acheter des produits aux producteurs locaux à coté de chez moi.
J’ai racheté du chocolat, des yaourts, du riz et des pâtes. Mais je n’achète plus de fruit ou légume au supermarché. J’ai maitrisé et stabilisé mon poids. J’ai perdu 5kg pendant l’expérience, j’en ai repris 1 directement après.
Maintenant j’attends l’hiver pour retenter l’expérience.
Nous partageons à plusieurs ce sentiment d’empowerment (reprendre la main sur quelque chose) et c’est très agréable. Alors mangez local et faites vous une idée. N’hésitez pas à partager votre expérience via les commentaires ou le hash-tag #devore
PS: un gist avec des informations récoltées pendant l’expérience
Par Guillaume Vincent